Delphine, Elminthe, Cydalise,
Corinne, Mélissinde, Elise,
Ursule, Clémente, Sylvie
Violante, Violante…
Changent nos cœurs et vos prénoms
Comme la couleur des saisons,
Ta chevelure dans la brise
Des retrouvailles indécises.
Reviendrai-je des Amériques
De la Barbade ou du Congo
Vers vous, la Dame de Bordeaux
Amante des quarts nostalgiques ?
Ma feuillantine en male mort
Pourrais-je, mauvais jacobin,
Jusqu'à la faucheuse d'aurore,
Et même après, tenir ta main ?
Que tu naufrages, Virginie,
Dans la baie des courtes vertus,
Te sauverai-je, même nue,
Comme un qui marche sur les flots ?
Reviendrai-je des Amériques,
De la Barbade ou du Congo,
Vers vous, la Dame de Bordeaux,
Amante des quarts nostalgiques ?
Mon en-or, m'azur, ma Javotte,
Mon soir d'avril après la pluie,
Mon béryl, mon tendre péril,
Ma très précieuse découverte,
Pierre verte au creux des jeudis,
Ma Mélusine, ma bellotte,
M'ondine, ma coquelinotte,
Mon vin du soldat, ma défaite,
Ma victoire aussi, ma conquête,
Dans les verts du parc Montsouris
Que l'amour danse des gavottes
Quand reviendront nos cœurs sur les places en fête!
Et toutes les fois, toutes celles
Où tu donnais aux tourterelles
Alors que je quêtais ailleurs...
Dites ! m'en tiendrez-vous rigueur ?
Ma nostalgique, ma dévote,
Ma romance d'une autre époque
Ma Venise d'aventurine
Mon angélique de ribote
Mes mains de fraîche communion
Au bout des comptoirs équivoques
Où l'amour ne dit plus son nom !
Ma talentine, ma prison,
Mes douze barreaux dans la poche,
Mon étape au bout des maisons,
Ma demoiselle dans sa tour,
Ma seule à qui j'ose l'amour...
Rappelez-vous cette saison
Et vos dentelles à la brise
D'avril, aux fontaines surprises
Dans le reflet des frondaisons.
Ah! je t'évoque et je t'invoque
Mon muscadier sur l'Orénoque
Marie, ma Vénus beauceronne
Païenne dans Chartres, m'automne
En des plaines si monotones
Que le cœur s'y perdrait, je crois,
Si tu n'étais ce cœur en croix
Au carrefour des routes bonnes.
Mon lilas blanc, ma capucine,
Cathédrale d'où pérégrinent
Tant de souvenirs en escorte
Jusqu'aux murailles comtadines
Rappelez-vous cette saison
Et vos dentelles à la brise...
Attendent-elles encore aux portes
De cette ville sarrasine,
Nos amours mortes ? Ah, qu'elles vivent !
Qu'elles vivent !
Et que renaisse au long du fleuve
La cytise et la joie promise
Et que cette chanson t'émeuve !
J'eusse écrit d'amour comme on chante
Si je savais encor ce chant,
Mais l'air s'en oublie quand il vente.
Est-ce ma faute si l'autan
Et les bourrasques d'un printemps
Ne m'en ont laissé que l'andante ?...
Ursule, Coralie, Clémente,
Sylvie, Delphine, Violante,
Elise, Delphine, Corinne…