L'Edel 6

 

  Slocum parlait de son « cher vieux Spray »… Quel marin, même du dimanche, n’a éprouvé pour son navire, fût-il comme dit Villon « une petiote fuste », cette tendresse particulière qu’on réserve à ceux avec qui l’on a partagé quelques embruns de liberté*. Bref, rien de ce qu’on dira sur son propre voilier ne pourra être objectif, comme ne peut être objective aucune évocation de "l’obscur objet du désir"...

Essayons cependant de retenir notre ardeur amoureuse pour rappeler quelques données identitaires. Altaïr est un sloop de la série Edel 6, dont le lancement remonte à 1975.

Matériau :	Polyester
Architecte :	Maurice Edel
Longueur :	6,65 m
Largeur :	2,50 m
Tirant d’eau :	1,30 m (version quille longue)
Poids :	1 100 kg
Surface de voiles :	26 m2

En toute …objectivité ( ?), un compagnon paisible et fiable, robuste et de bon caractère, rêveur quand il le faut, mais dur à la tâche si les circonstances le demandent. Guilleret à partir de force 3 (un peu nonchalant en deça…), convivial jusqu’à 6, avec une barre douce et précise, et une bonne stabilité de route. Il est vrai qu’au près serré, il demande un peu de gite pour ne pas trop taper (le revers d’une proue assez bien en chair…). Mais une bonne nature pour qui accepte de le ménager un peu... et d’oublier les obsessions régatières.

Compte tenu de son âge, on se réjouit (non sans une pointe de regret), d’avoir opté pour le polyester : que serait devenue après tant d’années une coque en bois, soumise aux appétits des cravans et tarets ?… Et quelques bulles d’osmose ne sont après tout que les rides de la maturité.

Sauf son respect, et en toute justice, il faut lui reconnaître une certaine tendance à faire le difficile lorsqu’il s’agit de trouver les pièces neuves qui pourraient améliorer ou réparer son gréement d’origine… Une sorte de réticence au rajeunissement, en quelque sorte. Les entreprises qui fabriquaient ces pièces (mât, espars, accastillage) dans les années quatre-vingt on souvent fait preuve de moins de longévité que lui, et il lui faut désormais du sur-mesure, c’est à dire un capitaine bienveillant et des artisans compréhensifs… et disponibles. Mais quand on aime...

Mon cher vieux bateau, « bien sûr nous eûmes des orages »… Mais quel bonheur de vieillir ensemble !

 

 Petite sitographie « edeliste »…

http://www.geocities.com/TheTropics/Shores/7978/index.html : Tout sur la série des Edel, avec fac-simile des brochures d'origine (site canadien).

http://pagesperso-orange.fr/voilierpassion83/index.htm :comme son nom l’indique… le site d’un passionné de tous les Edel. Des photos, un forum, des liens... et des « tuyaux »…

http://www.voilesetvoiliers.com/culture-voile/article/1419/maurice-edel-l-armada-des-edel...-toutes-voiles-dehors : des années 50 aux années 80, Maurice Edel raconte dans son livre L’armada des Edel… Toutes voiles dehors  l’histoire des bateaux qu’il a créés. Le site Voiles et voiliers salue ici ce pionnier et artiste de la construction navale de plaisance.

http://www.edel-evasion.fr/specifications.htm : : Plans, coupe et quelques photos d’Edel 6.

http://www.minicroiseur.fr/bateaux.php?debut=6&fin=7&bateau=51">http://www.minicroiseur.fr/bateaux.php?debut=6&fin=7&bateau=51 : quelques spécifications et observations techniques sur la série des Edel 6-660-665.

http://www.edelvoilier.fr/index.php  : le lien des edelistes.

http://site.voila.fr/petit-voilier/index.htm : un site plus orienté vers l’Oceanix TS que sur les Edel, mais un joli style, beaucoup d’humour, et pour les amateurs de voile un peu technique, un exemple intéressant de « régate virtuelle comparative » entre un  Oceanix, un Edel 6 et un Dufour 2800 entre Jard-sur-mer et Ars en Ré, puis entre Jard et La Rochelle, avec des remarques bien senties sur les caractéristiques de ces ports**…

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*Oublions ici ces faux amoureux de la mer que sont les adorateurs de la plaisance à moteur, ces empêcheurs de naviguer en paix, parfois capables des pires blasphèmes, jusqu’à nommer une embarcation « Ker Ozen »…(sic).

** Exemple : La Rochelle…« où les autochtones du coin, les bras grands ouverts, et le sourire aux lèvres, vous vendent l'eau au prix de l'essence et l'essence au prix du parfum... Rude pays que celui-ci, où quand on achète une manille, on gratte voir un peu l'inox pour vérifier qu'il n'y ait pas de l'or en dessous. Mais..., La Rochelle..., quel doux nom salé... ».

 

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[Rédigé par : Odyle]

"Quelle est la femme,en lisant les navigateurs, qui ne se rêverait ne serait-ce qu'en une simple yole !"