Rédigé par Ombre17 le 09 octobre 2010 à 00:55 dans Journal de bord | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Le journal de bord relève à la fois de la réglementation maritime et de la mythologie. Tous les bons auteurs en rappellent la rigoureuse nécessité, et le cours des Glénans stipule « qu’on doit y noter régulièrement toutes les données de la navigation ». Quant au journal officiel, il en impose l’usage pour toute sortie au-delà de 6 milles d’un abri. Bref, si le livre des feux et les cartes sont la bible du marin, le livre de bord en est certainement – du moins au plan théorique - la fidèle liturgie.
Le port s’endort doucement dans les derniers souffles de brise et l’on s’attarde un peu sur les alcools d’après-dîner. Le cliquetis léger des drisses dans le gréement confirme les prévisions optimistes de la VHF, et le projet prend corps dans un grand déballage de cartes et de tableaux où viennent s’inscrire les futurs points de route, les caps, les horaires de marée et autres prévisions météo. On est dans le délicieux moment où tout est encore possible, y compris un repli sous la couette du lendemain matin, « au cas où »… Ce haut de page est donc l’occasion d’un subtil mélange d’euphorie hauturière et de prudente circonspection.
Toutefois le lendemain, sitôt bu le petit rhum du départ et passé l'abri des digues, la saisie heure après heure des données de la navigation réelle se révèle moins ludique, et facilement "oubliable"... Il est vrai qu'en tant que genre littéraire, la sobriété de l'exercice est assez décourageante. Un coup de vent imprévu, un petit creux de milieu de matinée, ou les déboires accrocheurs d'une ligne de pêche perturbent sournoisement les bonnes résolutions initiales, et le fil d'Ariane s'effiloche. Sans parler du mal de mer qui envahit, dans sa cabine, le scribe nautique verdâtre penché sur la table à carte, envieux de l'équipier resté à la barre dans son cortège héroïque de grand air et d'embruns...
Malgré ces aléas, et ne serait-ce que pour pouvoir, le soir suivant, reconstituer pas à pas - et non sans fierté - les détails de la route parcourue, le livre de bord mérite respect et considération, comme un îlot de rigueur dans un océan d'incertitudes.
Rédigé par Ombre17 le 09 août 2010 à 12:56 dans Journal de bord | Lien permanent | Commentaires (2)
Rédigé par Ombre17 le 11 juillet 2010 à 13:57 dans Journal de bord | Lien permanent | Commentaires (1)
Journal de bord du vendredi 24 avril 2009
Le vent lorsqu'il fait défaut - par oubli ou mauvaise volonté - met parfois à rude épreuve nos patiences plaisancières. Et pourtant, dans un monde parfait, le calme plat devrait être pure contemplation, équilibre où tout s'apaise, occasion de suspendre un peu le cours des choses. Car l'air et l'eau ressemblent alors à du temps surpris, "hors de lui-même et de l'horloge", et rien ne semble plus immobile que ces éléments lorsqu'ils échappent pour un moment à leur nature mouvante. Paradoxal et délicieux point d'orgue...
Il n'empêche : quand tout s'arrête, et même lorsque rien n'oblige à aller nulle part (ce qui est en principe le propre de la plaisance), la tentation de mettre au moteur n'est jamais bien loin... suivie de près par la mauvaise conscience du capitaine. Que fuyons-nous, qui nous oblige à avancer ?
Merci en tout cas à l'équipage de ce jour-là, pour avoir eu l'élégance d'accueillir avec bonne humeur ce petit caprice des vents !
Rédigé par Ombre17 le 28 avril 2009 à 00:24 dans Journal de bord | Lien permanent | Commentaires (0)
Il suffit - paraît-il - de commencer à écrire pour que le flux créateur s'échappe comme par magie, et que la suite vienne d'elle-même, sans effort ni douleur. Ah ! Être ce chroniqueur spirituel distillant chaque semaine ses mauvais sorts ou ses bons mots, ses coups de coeur et de colère pour un public avide, pour ce lecteur gagné d'avance qui va ouvrir le blog avec une gourmandise complice, dans l'attente de son régal hebdomadaire !
Mais ne rêvons pas : le talent n'est pas la chose du monde la mieux partagée. La facilité apparente dont font preuve ceux qui en ont n'est qu'un trompe-l'oeil. L'écran blanc n'est guère plus indulgent que la page de même couleur. Et cette blancheur rend modeste.
Cruelle confrontation avec ses propres limites ! Mais après tout, pourquoi s'en inquiéter ! Ne rien avoir à dire n'implique pas qu'on se taise, comme le montre l'abondance des blogs, et la plupart de leur contenu. Largons donc bravement les amarres, en dépit des doutes...
Rédigé par Ombre17 le 22 février 2009 à 20:16 dans Journal de bord | Lien permanent | Commentaires (0)