Congo. Le vent tourne sur la baie, délaissant les odeurs de poisson séché des villages de la côte pour celles des insecticides imprégnant les grumes sur les quais du port de commerce. Le soleil tombe sur l’horizon comme une grosse pierre rouge, tandis que les pirogues de pêcheurs glissent lentement vers les coins d’ombre de la rive. Avec réticence, le Vaurien abandonne sa dérive et son safran à l’approche de la plage, dans les derniers clapotis du retour. Le Vaurien… Ce bateau-là n’a pas de nom, personne n’ayant jugé nécessaire de donner à ce fruste assemblage (tant de fois réparé…) de bois et de contre plaqué un autre nom que celui de son type. Mais c'est le premier bateau qui m’appartienne en propre, et à ce titre il vaut plus que tous les voiliers du monde.
Le bateau
Conception : |
1951 |
Gréement : |
bermudien |
Longueur : |
4,08 m |
Largeur : |
1,48 m |
Tirant d’eau : |
1,50 m (safran bas) |
Poids : |
120 kg |
Surface de voiles : |
Grand-voile 5,6 m2 Foc 2,5 m² Spi 14 m² |
Équipage : |
2 |
Architecte : |
Jean-Jacques Herbulot |
D’une simplicité qui confine à l’austèrité, idéal pour la promenade, le Vaurien est malgré son nom un excellent bateau d’apprentissage*, et qui sait être indulgent (heureusement pour moi !**) devant la maladresse des néophytes. Ce qui ne l’a pas empêché d’acquérir dans les années 65 le statut de série internationale.
* L’Ecole des Glénans en avait commandé les tout premiers exemplaires… Et il a contribué par la suite à la formation de nombreux navigateurs, y compris parmi les plus célèbres, comme Eric Tabarly, Philippe Poupon, Jean Le Cam ou Pierre Fehlmann.
** Que celui qui n’a jamais omis d’embarquer à bord de son dériveur des réserves de flottabilité, ou qui ne s'est jamais aperçu, une fois à bord, qu'il avait oublié sur la rive son safran de gouvernail, me jette la première pierre !
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.